Comme un vaudou entre filles

24 Heures du 09 février 2019, par Cécile Lecoultre

Où Michel Layaz extrait-il ce suc si féminin, mix de délicatesse rugissante et cruelle élégance? Tel un magicien averti des monstres et des fées contemporains, le voici à nouveau dans le jouissif sillage de demoiselles. La jeune Silke est promue «préceptrice» pour stimuler une enfant apathique. 

Dans une campagne isolée, comme une forêt de Brocéliande, à la Favorite, une «déesse» règne, muse d’un peintre raté, mère peu douée, businesswoman efficace. L’intrigue caresse les nœuds familiaux comme le tronc d’un arbre, avec ses griffes de sève tragicomique, ses sinuosités oniriques. 

Le réel résiste ici, comme pour échapper à l’euphorie poétique qui berce la fantaisie autorisée par le baby-sitting. Il suffirait de se transfuser le sang d’un oiseau pour voler. Ce roman elliptique bat des ailes sans cesse, avec ou «Sans Silke».